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Jazz à Paris
25 octobre 2017

Archie Shepp "Le matin des noire (noirs)" vidéos, podcast et ...

Archie Shepp photo N&B

Un thème très simple, quatre notes répétées, et c'est tout. Mais avec des musiciens de grand talent, ça peut tout renverser, tout bouleverser. Peut-être aussi faut-il une projection mentale commune, un idéal ou une révolte partagé. Le titre du thème y pourvoit.

Deux versions à l'écoute : une en quartette, la première en date et la plus courte (6mn), avec Bobby Hutcherson (vibes), Barre Phillips (b) et Joe Chambers (dr); la seconde, longue (23mn) en duo avec Siegfried Kessler (p).

Je n'ai pas pu me résoudre à n'en sélectionner qu'une.

Archie Shepp Newport

La première version se trouve dans l'album "New Thing at Newport", en quartette.
Une première partie côtoie les sommets du jazz. Archie Shepp propose juste quelques esquisses, des notes à peine émises, comme épuisées, et totalement bouleversantes, la répétition lancinante des quatre notes, et ses infinies variations, étant laissées au reste du groupe. Puis comme une sorte d'envolée rétrospective, où une partie de l'histoire du jazz est évoquée, transfigurée. Après, retour de ce son si extraordinaire mais l'émotion n'atteint que par moments l'intensité première.

Peut-être une parabole de l'histoire des noirs aux USA, où le matin des noirs est encore à venir.

Cette vidéo avait été signalée par Frédéric Maintenant.
***
La seconde version, devenue "Le matin des noirs", est l'histoire d'une rencontre, d'une amitié.
Siegfried Kessler, voyant Archie Shepp dans la salle, joue le thème. Rencontre, promesse de se retrouver et enregistrement en public, en 2003, à Montpellier.
Siegfried Kessler installe cet embryon de thème, joue sur les intensités, sur les couleurs, sur les émotions distillées avec délicatesse, avec science. Il veut qu'on prenne le temps. Archie Shepp acquiesce. Ce thème, il ne le présente pas. Il le mordille du bout de l'anche, lui tourne autour, tout en retenue. Et par fulgurances, il re-projette ce son si invraisemblable, qui nous chavire. Si Coltranien, et en même temps, tellement lui-même; une signature, même. C'est un acte d'amour qui dure, d'une infinie sensibilité entre ces deux voix. Exit la tragédie. Place à la sensibilité à fleur d'âme. Pas d'embardée loin de la couleur du thème. L'économie du phrasé fait aussi thème. D'une subtilité folle.
Ils nous réapprennent ce qu'est le jazz, ce qu'est la musique.

Et à propos de cet enregistrement, une chronique sur Citizen Jazz  par Bob Hatteau (!)
"Du free bluesy qui laisse bel et bien la mélancolie voguer en toute liberté..."

Et pour étendre encore le plaisir, un podcast, une rediffusion, je crois, sur France Culture, avec ce même titre, "Le matin des noirs" (photo de Bernard Gidel).

Archie Shepp par Bernard Gidel

Une ouverture avec la version de Montpellier et un au revoir avec un Archie Shepp qui chante. Et il chante souvent dans cette émission. Il parle aussi, pas assez à mon grè. des témoignages, des extraits. C'est là
https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/le-matin-des-noirs

Et comme il arrive que le script pour l'écoute se bloque, je vous propose une inclusion (embedded)

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Retrouvez toutes les chroniques "Jazz sur le Web".

 

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