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Jazz à Paris
13 février 2020

Jojo Takayanagi - John Zorn "Expérimental Performance" (1986)

 

Exp Front

Un brûlot ? Qu’est-ce au juste ? Ce qui est susceptible de causer des dégâts, un scandale; spécialement journal, article polémique (Google)

Et cet album, encore un brûlot ? Non, un double. En fait, chaque face de ce vinyle (devenu CD) est une explosion musicale.

Sur la première on trouve notre guitariste iconoclaste en compagnie de John Zorn et le sentiment qui prévaut c’est que le saxophoniste est littéralement propulsé par son compagnon du moment. Il est dans une liberté totale, hors sol, toute convulsion dehors. Comme s’il ne pouvait pas manquer ce rendez-vous là.

Cela commence pourtant assez calmement, des gazouillis à l’alto, des miaulements à la guitare. Mais les gazouillis s’égosillent puis crépitent frénétiquement. Les miaulements deviennent frappes, grands ébranlements. Une phase d’accalmie relative où John Zorn envoie des salves compulsives, des cris, des crépitements, une jacasserie d’oiseaux de forêt équatoriale. La guitare de son côté se fait volontiers bruitiste, des balayages sonores qui arrivent en vagues, des craquements, des signaux radio des temps de guerre. Mais pourquoi faut-il que ça s’arrête si vite ?

L’équateur et son étrange faune reviennent, alors que des arbres de verre et de métal menacent, agitent leurs feuillage, craquent, basculent. Quelques notes de sax viennent apporter témoignage d’un temps lointain qui n’est plus ... Zorn a choisi le camp de Takayanagi. Ils sont dans l’errance quasi électroacoustique, avec des univers d’une belle richesse onirique. Une lame de fond inexorable, qui ne devrait pas connaître de fin. Mais ....

Sur la seconde face, Masayuki Takayanagi est tout seul. Et ce qui était présent sur la première face prend ici toute son ampleur. L’épaisseur sonore de la Noise, la poétique des musiques électroacoustiques, des voix venues d’un ailleurs révolu, et ces ressacs affectifs qui viennent drosser notre gangue, l’éroder pour nous faire peau neuve. À plusieurs moments, on craint un calme qui signerait la fin, mais ça respire encore, ça revient, un grand souffle, lent, toutes textures dehors pour un grand large.

Le guitariste a choisi comme nom pour ce thème "Brecht 47", date de ce procès inquisitorial devant la Commission parlementaire sur les activités anti-américaines.


La seconde pièce de cette face, "Conterevidence", commence par des roulements ... mais il n’y a pas de batterie. Peut-être ceux d’un train transfiguré pour un nouveau périple au long cours. Une stase aux granulations multiples, aux affleurements de crissements, d’éraillements. Il faut lâcher prise, le courant est trop fort. Des cris comme noyés, impuissants. De grands chocs, des résonances puis le silence.

Encore un trésor dans notre série ImproJapon. Masayuki Takayanagi est un créateur enragé, diablement inventif. John Zorn ne s'y est pas trompé.

On n’en finit pas de (re)découvrir ces gemmes d’un temps déjà lointain : plus de trente ans ! La distance, une certaine myopie occidentale ont masqués cette créativité foisonnante. Encore aujourd’hui, d’une certaine manière. Cet album est, en effet, proposé à près de 400€, hors frais de port, sur Discogs. En attendant une éventuelle réédition, les deux extraits proposés sur YouTube permettent de s’en faire une idée. 

Mais nos amis d’Inconstant Sol proposent de pallier ces incohérences culturelles. Il suffit de cliquer là et de descendre jusqu’au dernier lien, celui de Ernst. Il est encore actif ... pour le moment.

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