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Jazz à Paris
10 février 2020

Makoto Sato et sa playlist

Makoto Sato - photo dolphy00
Makoto Sato (photo dolphy00)


Après Matthias Boss la semaine dernière, je propose une sorte de playlist hybride autour de Makoto Sato.

Ce dernier est une personnalité prégnante sollicitée par plus d’un parmi les meilleurs.
Il est, en effet, très présent sur la scène improvisée. Du temps de l’Atelier Tampon de Marc Fèvre , il a même été le musicien plus invité (avec Frederic Blondy, de l'ONCEIM). Chacun retiendra, selon ses souvenirs, les moments les plus forts lors de ses concerts parisiens. Makoto Sato a choisi quant à lui son rôle dans Nuts, la fabuleuse formation imaginée par Benjamin Duboc, et l’un de ses concerts avec Eric Zinman . Il y avait aussi celui de Radio France avec Raymond Boni mais cela n’entrait pas dans le format retenu.

Le voir sur scène est un plaisir sans mélange. En un mot, il danse. Sur ses peaux on le voit mouvoir tout son corps, parfois retenant son geste ou le retardant. Il a fait sienne la devise de Don Cherry : "Si je joue bien, c'est que je chante. Et si je chante bien, c'est que je danse". Et il joue avec une grande subtilité, évitant de couvrir tout l’espace, sachant alterner caresses et chocs rudes. Il entrelace, il accompagne, mais il sait aussi délivrer des cascades incandescentes. Et à mon souvenir, il n’est jamais dans une scansion régulière.

Lorsque le projet de playlist s’est un peu cristallisé, nous avions convenu de trois vidéos, les deux dernières étant les témoignages des concerts mentionnés plus haut (Nuts et Zinman). La première serait une fausse vidéo, un document YouTube avec les sons qu’il aura choisi et les pochettes de disque associées pour illustration.

C’est qu’il est aussi bien présent sur des enregistrements. On retrouvera plus bas sa discographie complète. Choisir n’a pas été simple, d’autant que parfois il fallait définir quel extrait retenir; certaines pistes frisaient en effet une durée de près d’une heure. 

Et encore une fois, ce qui saute aux yeux, c’est la qualité de ses partenaires, des gens qui l’ont choisi : Joe McPhee, Alan Silva, Daunik Lazro, Jean-Marc Foussat, Lucien Johnson, sans parler des patrons de labels. Il y aurait bien eu aussi Itaru Oki (il est déjà dans Nuts), Ken Carter, Sylvain Guérineau, mais il fallait être drastique. J’aurais voulu ajouter Marteau Rouge avec Jean-François Pauvros et Jean-Marc Foussat, mais baste : c’est à Makoto Sato d’être sélectif.

Cependant, en rester là serait trompeur. S’il a été de bien des aventures avec ces grandes figures, il serait injuste d’oublier son plaisir à se frotter à de jeunes talents (Olivia Scemama, Basile Naudet, Richard Comte, ...), ainsi qu’à des tenants de chemins de traverse avec une prise de risque intrépide. C’est pourquoi on le retrouve avec le trio Other Matter, qui dévie de l’impro, de l’electro, et de bien d’autres choses pour se frayer un chemin spécifique. Ses complices : Michel Kristof et Julien Palomo, plus connu comme patron du label « Improvising Beings ». Notre batteur propose d’ailleurs souvent des concerts avec eux et quelques invités du côté d’Aulnay sous Bois.

Pour la fausse vidéo, on trouvera son album en duo avec Joe McPhee, "Between" dans un dialogue intimiste, expressif.
Pour "The Crawling Snake", il a fallu sélectionner un extrait dans cette lave torride, ces salves complexes, ces rugissements de plus de cinquante minutes avec Alan Silva qui joue de son synthétiseur orchestral et d'Abdelhai Bennani au son toujours aussi bouleversant.
Dans Stinging Nettles, il retrouve Alan Silva, en compagnie de Lucien Johnson pour une séquence free où, à l'occasion, Makoto Sato transpose à la batterie le discours du sax. Une tension rythmique intense.
Une piece extraite de cet album surprenant, Other Matter Live 2018. Ici on joue hors code, hors cadre. C'est un chaos musical qui nous est proposé, un discours qui déstabilise et qui séduit. Aux frontières du Free, de la musique improvisée, de la Noise, de l'electro ... "Something Else ?". C'est l'occasion pour Makoto Sato de faire musique avec des frappes qui zigzaguent l'espace, de grandes zèbrures, une forme de kaléidoscope percussif.
Makoto Sato retrouve Joe McPhee dans l'album "Sweet Oranges" en compagnie de Daunik Lazro et de Jean-Marc Foussat. Comme la pièce fait quarante trois minutes, il a fallu définir un extrait pertinent, d'un peu moins de treize minutes. Un "Valve Trombone" et un tenor pour Joe McPhee, un tenor et un baryton pour Daunik Lazro, un synthetiseur et la voix pour Jean-Marc Foussat, trois voix "mélodiques" aux sonorités travaillées, parfois bien étranges, discourant sur un tempo assez lent ... et une percussion sculptant l'espace hors de tout accompagnement, quasi soliste.
À présent, le plaisir de l’écoute.

Chronologie :
00:00 - The Dawn
06:11 - The Crawling Snake
11:24 - Stinging Nettles
18:47 - Other Matter
22:08 - Sweet Oranges

La deuxième vidéo est un extrait du concert de Nuts donné à La Java en 2017. Benjamin Duboc en fond de scène, deux trompettes, Itaru Oki et Rasul Siddik et deux batteries, Didier Lasserre et Makoto Sato. Ce sont d'ailleurs eux qui ouvrent la séquense  d'une manière époustouflante, accompagnés des petites percussions de Rasul. Cette soirée là fut une vraie fête.

Enfin, en compagnie d'Eric Zinman et de Jean-Marc Foussat, plus d'une trentaine de minutes d'une musique mémorable. C'était au 19 Paul Fort en 2016. Difficile de résumer une si belle histoire. A titre d'instantannée, on peut y voir Makoto Sato rejoint par un autre percussionniste, Eric Zinman jouant des baguettes sur son piano.

Pour aller plus loin, et comme promis, la discographie de Makoto Sato :
2002 : "Jan ken pon"(Ohrai Japon) avec Itaru Oki trompette, Keisuke Ota violon, Jean-François Pauvros guitare, Yasuhiko Tachibana contrebasse,Makoto Sato batterie

2003 ; "Beteween"(Ohrai Japon)duo avec Joe McPhee saxe soprano

2006 : "Enishi"(Ohrai Japon) Mamabaray - Raymond Boni guitare, Maki Nakano saxe alto, Bastien Boni contrebasse, Makoto Sato batterie

2009 : "Marteau Rouge & Evan Parker"(in situ)

2010 : "Nuts"(Ayler Records) Nuts-Itaru Oki et Rasul Siddik trompette, Bejamin Duboc contrebasse, Didier lasserre et Makoto Sato batterie
Chronique du concert de la Java, et de l'album (chez Ayler Records)

2014 : "No is No"(Improvising beings)Linda Sharrock voix, Itaru Oki trompette, Mario Richtern saxes, Eric Zinman piano, Yoram Rosilio contrebasse, Makoto Sato batterie
Chronique ici : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2014/11/12/30936837.html

2014 : "Stinging nettles"(Improvising beings)Lucien Johnson saxe ténor, Alan Silva contrebasse, makoto Sato batterie
Chronique ici : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2014/12/09/31056836.html

2016 : "D'une rive à l'autre"(Improvising beings)Sylvain Guérineau saxe ténor, Itaru Oki trompette, Kent Carter contrebasse, Makoto Sato batterie

2018 : “Sweet orange”(Not Two) The Cliford Thornton Memorial Quartet :Joe McPhee trombone-saxe ténor,Daunik Lazro saxophones, Jean-Marc Foussat Synthétiseur, Makoto Sato batterie

Pour faire bonne mesure, quelques chroniques et/ou vidéos avec certains de la nouvelle génération, pour ceux qui aiment Sato :
- Avec Richard Comte et Jean-Marc Foussat au Chat Noir
- Avec Basile Naudet, Richard Comte, Jean-Luc Petit, Benoit Joblot encore au Chat Noir .

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