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Jazz à Paris
1 octobre 2020

Takayuki Hashimoto, Shizuo Uchida « UH »

Anarchives UH

Une jeune génération de souffleurs bouscule la paysage du free au Japon. Je ne parle pas des années 60 à 80 avec des talents fulgurants comme Kaoru Abe ou Mototeru Takagi, ni d’autres encore qui avaient pris le relai de la radicalité comme Masayoshi Urabe. Après Harutaka Mochizuki et Makoto Kawashima, arrêtons-nous sur Takayushi Hashimoto accompagné de Shizuo Uchida. 

Un album court, vingt cinq minutes, nous est proposé par l’aventureux label An’Archives. « UH », peut-être les initiales des noms des deux musiciens, est un enregistrement qui fait la part belle aux jaillissements sonores et à leur résonances. Une forme de lacération de l’espace, ponctuée de notes lourdes de la basse, frugales et puissantes, à la manière dont l’occident se représente la musique traditionnelle du Japon. L’épure supplante le discours. Les déchirements parfois suraigües, le souffle comme expulsé violemment, laissant exsangue, le son libre de se propager, d’explorer vos neurones. L’équivalent sonore de ces coups de pinceau à l’encre sur une feuille blanche, compulsifs et totalement maîtrisés, laissant l’esprit deviner des paysages à la beauté sauvage, primitive, essentielle. Le silence comme révélateur de cette musique inouïe.

Le silence encore, des cordes pincées, seules. Pas un morceau de bravoure mais toujours cette économie de moyens pour suggérer un entre deux de l’âme. Puis c’est l’harmonica qui surgit. Ses notes ouvrent des éventails, des diffractions sonores, avec peut-être une violence plus contenue.  Elles sont comme dédoublées par l’archet, d’un violoncelle ? Un enchevêtrement de langueurs, de projections complexes, de sinuosités agressives, et le silence encore. 

L’inventivité croissante des cordes, les crépitements, les chants profonds de l’archet, les frottements exacerbés, le sax qui revient dans une débauche libératrice, donnent à cette fin de pièce une intensité bouleversante. 

Encore des noms qu’il faudra retenir, des musiques que notre insatiable soif d’inouï ira chercher encore et encore. Cet album est comme un fanal au loin; il nous indique une direction dans l’obscurité ambiante. Il faut y aller voir, écouter. 

Il est disponible sous forme d’un CD ou d’un enregistrement numérique sur Bandcamp (pour 5€)

Une autre belle chronique de Michel Henritzi 

Merci à Cedric Lerouley qui m'a fait découvrir ces musiciens.

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