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Jazz à Paris
8 octobre 2020

Samuel Blaser « 18 monologues élastiques »

Blaser 18 monologues


Publier deux albums simultanément au cœur de l’été, voilà qui est inhabituel. Mais autant le premier, un trio, recèle de séductions mélodiques, rythmiques, spectrales, autant le second serait a priori plus abrupte : une succession de 18 solos, de trombone, « 18 monologues élastiques ». Ce titre est une révérence respectueuse à cet autre incontournable suisse, Blaise Cendrars, avec ses « Dix neuf poèmes élastiques » qui rompaient avec l’esthétique d’alors.

Quelques pas, quelques souffles, puis un déchirement d’une puissance féline : le ton est donné dès cette première virgule sonore, « Appearance ». On se régalera de timbres complexes.

Le titre suivant « Missing Marc Suetterlyn » fait partie du répertoire de Samuel Blaser, et il nous en livre là une forme d’épure, particulièrement riche en fouilles sonores, en saveurs métalliques. Et ça pulse ! Mais c’est aussi pour nous l’occasion de faire écoute buissonnière en parcourant deux autres titres, d’Albert Mangelsdorff en solo, en référence au même Marc. Sûrement un clin d’œil aussi. 

Cet album impressionne tant les parcours au pays du trombone sont variés, tel ce « Grand Huit » dont l’écoute nous révèle la justesse du titre. Il en est de même avec « Le Dialogue Schizophrénique » et «  Glissandi » par exemple, voire aussi avec l’original et quasi cinématographique « Torture Room ».

Arrêtons-nous sur « Vinko», Globokar, bien sûr, ce compositeur, grand maître du trombone et créateur de la « Sequenza V » de Berio. Ici le métal est mêlé à la voix dès le début, comme son prolongement naturel ou avec un mimétisme surprenant et une sensualité troublante. Une pièce qu’on peut écouter en boucle.

On le sait, notre tromboniste ne dédaigne pas les airs traditionnels. Ici, l’album se termine sur l’un d’entre eux, un thème juif européen, à l’interprétation dense, aux réminiscences lointaines, sombres, « Waedamah », le trombone étant au seul service de l’émotion.

Inutile d’évoquer davantage les figures sonores, les timbres, l’histoire du jazz et des maîtres de cet instrument. Ce serait vain tant le spectre est large. Samuel Blaser s’en joue, s’amuse, nous sidère. Il en exploite bien des ressources en semblant nous dire « vous n’avez pas encore tout entendu, il y en a bien d’autres ».  Si vous êtes trombonophobe, le chamane Samuel Blaser saura vous guérir.

Cet album sort en version numérique uniquement. Mais c’est en fait bien plus que cela. Il s’est enrichi d’autres dimensions : un film, des dessins et peintures, des poèmes., qu’on pourra découvrir sur le microsite : https://www.18monologueselastiques.com

En particulier, consultez la rubrique «additional credits » https://www.18monologueselastiques.com/home-1

SamuelBlaser a bien voulu accepter de jouer au pétition jeu des questions-reponses. Lire l'entretien là : https://www.citizenjazz.com/Samuel-Blaser-et-le-fetichisme-des-sons.html


En guise de mise en bouche, je vous propose une courte vidéo où l’on nous montre les conditions d’enregistrement, les lieux, l’ambition, et où affleurent l’humour, l’inventivité et le plaisir tranquille de ce tromboniste hors du commun.

https://youtu.be/gwNWPepBdZw

Vous restez un peu frustrés ? Vous en souhaitez davantage ? Pas de problème :

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Retrouvez toutes les chroniques —-

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