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Jazz à Paris
23 août 2021

Rick Countryman « The First Bird » (ChapChap)

 

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« L’enfer, c’est les autres » a dit Jean-Paul Sartre. Qu’on comprenne cette phrase au sens littéral (l’action des autres) ou comme l’impossibilité d’échapper au regard des autres, il faudrait en prendre l’exact contrepied en matière d’improvisation. 

C’est le partage, le fait de s’exposer nu aux oreilles des autres, sans cache sexe, l’interaction avec d’autres artistes qui font la nécessité de bien des musiques chroniquées ici.

À une exception près, la musique de Rick Countryman ne parle que de ça, qu’il s’agisse de Sabu Toyozumi, Christian Bucher, Simon Tan, Royal Hartigan, Yong Yandsen. L’exception, c’est Armagedon Nova, un album concept où trois souffleurs improvisent librement, en un solo d'un seul jet, sans rien connaître de celui des autres. Interrogé sur ce point, Rick ne manifestait pas le désir de recommencer.

Et voilà pourtant un album solo. Les Philippines, son lieu de résidence, sont un peu à l’écart des routes migratoires du jazz, routes à très faible fréquentation en ces temps de pandémie (oui, je sais, pour certains çà n’existe pas). Alors que faire ? 

Il a partagé des vidéos de solos dans la nature (voir sa page FaceBook) un peu à l’image de Joe McPhee, de David Murray et de bien d’autres. Mais …

Il a finalement opté pour un duo, certes atypique, avec Joerg Wand, un plasticien qui définit son art comme fractal. On ne lui doit aucun son, mais l’une de ses oeuvres, The First Bird, a servi de source d’inspiration au saxophoniste. De plus, le nom de chacune des pièces a été donné par ce même plasticien. Enfin, Rick Countryman définit lui-même sa musique comme fractale, les concepts qu’il met en œuvre étant directement issus de cette géométrie.

Mes connaissances théoriques en matière de composition instantanée étant inexistantes, je lui fais volontiers confiance. L’écoute de l’album crée ce même sentiment un peu narcotique que les formes très fragmentées, très colorées, aux multiples transformations lors de vidéos. On y retrouve par moments ses sons rauques, ses suraigüs, ses glissements d’intensité, ses passages du souffle aux notes en dévoilant à l’occasion les entrailles du métal, ses harmoniques. Mais ses rages, ses déferlantes à hautes énergies se font plus rares. 

Par la force des choses, c’est un album instrospectif, au lyrisme puissant mais apaisé. Et comme indiqué au début de l’article, on a le sentiment qu’il est là, sans fausse pudeur, sans affèterie, dévoilant les strates, les méandres d’une sensibilité complexe. Il nous entraîne sans effort dans sa propre hypnose engendrée par l’œuvre du plasticien. C’est un passeur. 

Tous les titres sont de Joerg Wand sauf le dernier, Large as Life (for Sonny). Sony Simmons. Par esprit de contradiction, c’est la pièce que je vous propose d’écouter. 

Ce solo est une œuvre collective, Rick Countryman saluant le travail d’Alvin Cornista, magicien des sons et de Julien Palomo pour ses conseils. Il faut bien sûr y ajouter le label ChapChap de Takeo Suetomi, et naturellement le plasticien, Joerg Wand.

Rick Countryman par Joerg Wand

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