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Jazz à Paris
6 mars 2017

Jobic Le Masson, Benjamin Duboc, Makoto Sato au Bab Ilo (3 mars 2017)

Benjamin Duboc, Jobic Le Masson et l'horloge
Pour voir l'album photos, cliquer sur l'image

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Certains grognards de la musique improviséee avaient applaudi à l'annonce du concert à la Java permettant de retrouver le superbe 5tet "Nuts" (Lasserre, Sato, Oki, Siddik, Duboc) après 10 ans de silence (je crois). Et ce fut la fête (voir chronique)
Encore un coup de rétroviseur ?
Un trio voisin du superbe "Free Unfold Trio" (Le Masson, Duboc, Lasserre) était programmé au Bab Ilo, mais cette fois sans Didier Lasserre, devenu depuis bordelais, donc bien plus rare à Paris. C'est Makoto Sato qui prenait les baguettes samedi 3 mars. Et dans cette musique, tout changement d'artiste a un impact immédiat.
Didier Lasserre est l'artiste des éclats millimétrés et saisissants, de la violence contenue et des touchers d'une grande subtilité. Makoto Sato est un inventeur qui danse sur ses peaux. Toute sa gestuelle et son expression faciale sont musique. Il confiait que chez lui, il a un poster de Don Cherry avec ces mots (si j'ai bien compris) :
"Si je joue bien, c'est que je chante. Et si je chante bien, c'est que je danse".
Et Makoto Sato avoue aimer danser. Durant cette soirée, il fut en très grande verve, un torrent tumultueux et doux, inépuisable, alternant avec des touches subtiles voire même des esquisses, sans contact avec les peaux, comme si le geste faisait musique.
Depuis ce "trio libre et inclassable", Jobic Le Masson a plus volontiers opté pour un approfondissemment de la "Great Black Music", mixant les couleurs de la tradition et une liberté sans retenue. Son dernier album est une vraie belle réussite (voir chronique), avec son trio de rêve (John Betsch et Peter Giron) augmenté de Steve Potts, excusez du peu ! Du jazz de la plus belle eau.
Mais au Bab Ilo, il s'agissait plutôt de musique improvisée. Les retrouvailles furent immédiates, peut-être en raison de sa grande proximité avec le bassiste. Souvent sa main gauche martelait un rythme ou déliait un ostinato, alors que sa droite fouillait des accords, plaquait des clusters, le geste par moment suspendu au dessus du clavier. Et des couleurs jazzy (j'ai cru reconnaître une brève allusion aux fleurettes africaines).
Benjamin Duboc était visiblement heureux d'être là, blaguant même avec Jobic au sujet d'une horloge (oui, la photo; ils vous raconteront ça eux même une prochaine fois). On retrouve bien évidemment la sonorité profonde de sa contrebasse, et parfois, ces segments mélodiques répétés, une forme de tremplin proposé à ses compagnons, du pain disait Art Blakey. Et l'aventure musicale, toujours.
Je vous propose l'écoute d'un moment se situant dans la seconde moitié du concert (25eme minute) afin de vous faire profiter, même imparfaitement, de ce sentiment de pleinitude.


Pour se remettre en oreilles la musique du Free Unfold trio, cette courte vidéo captée à l'Atelier Tampon à l'occasion de la sortie de leur album "Ballades" (dec 2009)


Benjamin Duboc a multiplié les rencontres, les expériences nouvelles.
Mais là, il renoue avec une partie de son répertoire (osons cette dénomination). Dans quelques jours, il va retrouver un autre trio piano, basse, batterie avec Eve Risser et Edward Perraud ("En Corps").
Alors osons : à quand un nouveau "The Fish" ?

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