Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jazz à Paris
19 février 2018

Saxophone Anatomy (Armaggedon Nova AN-R6)

Image 2


Un « CD concept ». C’est ainsi que se présente cet album. Trois improvisateurs au saxophone, chacun enregistrant dans un pays différent : la Chine, les Philippines, la Grande Bretagne. Chacun jouant un solo de 20 minutes environ. Pas de consigne ni de thématique. Rien de préparé . Pas de seconde prise. Un pur jet et voilà tout. Prise de risque maximale.
Les kamikazes ? Lao Dan, Rick Countryman et Colin Webster
« Self destruct machine » est le titre de la séquence de Lao Dan (as).
Entrée en matière toute de folie, d’énergie irrépressible . On pourrait imaginer un flux incessant, mais ce n’est pas le propos. Cela devient progressivement un dialogue avec soit même , des échanges parfois brefs, à la limite du murmure, parfois de longues circonvolutions, frisant l’extinction de souffle. Et une note pour nous dire à bientôt.
Le son de Rick Countryman s’impose d’emblée . Rauque et chatoyant, brutal et charmeur, grave et suraigüe. Mélodique et Free : c’est la métaphore même du titre de cette pièce «  River remains river ». Et toujours énergique, y compris lors de ses moments de tendresse, lorsqu’il va puiser des échos de la tradition du jazz.
Pas de faux semblant : il est jazz, entièrement , toutes esthétiques confondues.
Pas de réserve : le son ample de son alto, ses vibratos, sont au service d’un chant ininterrompu.
Finir sur un son de velours ? Il s’y essaie, à plusieurs reprises. Mais à chaque fois un superbe éclat métallique vient lacérer cette douceur.
Terriblement attachant.
(Voir aussi la chronique de « Acceptance Resistance » http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2017/10/23/35608009.html )


Jeux sur clés. Jeux de souffle. Colin Webster, au baryton, nous envoûte de cette curieuse matière sonore. Infinies variations sur les souffles, leur rythmes internes, les ponctuations des clés. Il faudra attendre la septième minute pour que des colonnes d’air soient modulées par des clés . Et encore, plutôt des cris, granuleux, complexes, exaspérés, instables. Et voilà que, sans qu’on y prenne garde, Colin Webster nous emmène vers des discours qu’un Evan Parker n’aurait pas reniés, peut-être plus aiguisés encore. Mais ça ne dure pas. Un nouveau langage pousse l’autre, encore, et un autre.
C’est l’ « Homerton », une sorte de parcours qui pourrait être sans fin. Une infinité de langages possibles avec seulement deux brins d’ADN : des clés, du souffle.
Malgré son caractère « conceptuel », cet album retient toute notre écoute. Le temps passe très vite. C’est que nos trois musiciens ont bien des choses à nous dire et leur discours laisse tellement ouvertes d’autres possibilités que c’en devient vertigineux.
Le nom du label est déjà un programme : Armageddon Nova.

Image

Publicité
Publicité
Commentaires
Jazz à Paris
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 561 560
Archives
Publicité