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Jazz à Paris
6 mai 2019

Paul Wacrenier 5tet Healing Unit « Repeat Please » (LFDS007)

 

Healing Unit cd recto


«Repeat please» , une autre, encore ! Jusqu’à plus soif, et encore ... C’est cet irrépressible élan pour encore plus de plaisir, pour s’ouvrir aux autres.
Pour un bonheur musical qui ne s’embarrasse pas des styles successifs qu’a trouvé le jazz afin de faire jaillir cette jouissance de l’instant. C’est le but même de Paul Wacrenier via les huit des neuf compositions de l’album dues à sa plume, dont le thème qui donne son nom à l’album « Repeat Please ».
Une pièce dans laquelle les notes aériennes du vibraphone font traverser des décennies.Et quand le temps du trio cuivre-basse-batterie arrive, d’abord avec le sax puis la trompette, l’intensité voire la rugosité des premiers temps du Free resurgit, comme lors d’une nouvelle naissance, servies par une section rythmique incisive et inventive.
Du Free, du Blues, du Be-bop, du swing ... Something Else ? On trouve une sorte de concentré de cette ambition dans « Blues for AEC ». Un thème qui éveille des souvenirs du côté de Miles et peut-être d’Art Blakey mais dont les développements auraient ravi Dolphy, Coltrane, Ayler et d’autres. Et cela d’une manière radicalement neuve, authentique et festive. Quand l’amour ne se fait pas servile.
Benoist Raffin et ses frappes délicates excellent dans « Deep night, Clear fire », d’abord sous forme d’un long solo, puis avec un motif rythmique simple - 3 puis 4 frappes - répété inlassablement avec parfois de subtiles irrégularités. Quand l’hypnose s’installe , des infrasons aux cuivres, des matières délicatement travaillées, à basse intensité, comme une musique qui ne voudrait pas naître mais qui s’impose déjà.
« Decision » commence comme finissent bien d’autres morceaux de jazz, avec des touchers de piano vaguement churchy, des efflorescences multiples de cuivres, une légère emphase et un sens mélodique très marqué. Une forme d’introduction à la pièce suivante, « Full Moon Fanfare », irrésistiblement dansante, avec un bel accent afro-cubain (une biguine ?), avec des lignes de cuivres enchevêtrées, un superbe solo de Paul Wacrenier où les styles s’emmêlent, et qui se poursuit avec cette pièce en forme de question quasi existentielle «Too new or not too new » et un beau dialogue sax trompette hors de tout autre instrument.
Et la boucle se referme sur « Outro », une sorte de reprise des thèmes, parfois à peine esquissés, avec « Blues for AEC » comme pivot. Une manière de finir la fête en nous rappelant les bons moments passés ensemble .
Et comme le public en redemande , une « Chanson d’Albert », due cette fois à la plume d’Arnaud Sacase, une forme de geyser emphatique et festif, qui souligne sa cohérence avec le reste de l’album.

On reste saisit par le talent d’écriture de Paul Wacrenier tant les lignes s’enchevêtrent avec précision, tant les styles musicaux s’entrecroisent avec naturel et trouvent là comme une virginité originelle, tant les matières sonores s’emboîtent juste à leur places. Avec Marco Quarisimin (b) et Benoist Raffin (dr), la section rythmique est aiguisée, puissante, inventive. Et les deux souffleurs, Arnaud Sacase et Xavier Bornens ont trouvé là l’écrin qu’il leur fallait pour faire épanouir leur verve, leur sens mélodique et leur connivence.
Le sentiments que le Healing Unit a fortement progressé et qu'il est devenu un "all stars".
Une très belle réussite publiée par le Fondeur de Sons cher à l’infatigable militant des aventures musicales qu’est Yoram Rosilio (LFDS007)

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