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Jazz à Paris
12 novembre 2019

Isla Decepción : Yoko Miura, Jean-Michel Van Schouwburg, Lawrence Casserley (Setola di maiale SM3970)

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Des notes éparses au piano qui suffisent à donner une couleur, à esquisser un espace, à propager très vite des sentiments diffus, où rien n’est clair, tranché, où l’entre deux est le seul lieu qui vaille.

Des brouillages électroniques discrets, la litote comme bréviaire, diverses nuances monochromes, l’aube d’une nature minérale sourd de signaux digitaux.

Une voix comme des grésillements, avant qu’elle ne s’affirme, qu’elle ne se scinde, qu’elle n’halète, qu’elle ne tremble. Un vibrato qui dit l’éloignement, la nostalgie, qui murmure un appel. Et quand la voix s’affirme davantage, elle devient chant d’une âme solitaire puis s’éteint.  

Le piano se met à gronder doucement, à faire résonner la caisse, à planter quelques banderilles, à faire surgir quelques vagues sonores. L’électronique prend des allures de cloches tubulaires, diffuse des brouillages métalliques. La voix revient pour un soliloque virtuose où bien des sentiments s’emmêlent en des zébrures d’humanité. C’était « Neptune Bellows ».

Neuf errances sont ainsi proposées dans cet album qui nous présente la géographie d’une île lointaine, près du cercle polaire antarctique. Une île désertée par les hommes, hormis des scientifiques. Un lieu propice à la redécouverte de soi-même, de sa vérité. Trois voix qui chacune prend un nom de lieu, « Fumarole Bay » par exemple, comme métaphore pour explorer un paysage mental, pour ouvrir sa propre voie, pour parfois croiser celle des autres, dans une sorte de documentaire imaginaire d’une subtilité frissonnante. 

Yoko Miura excelle dans cette économie des touches, des caresses, des vaguelettes sonores, pour suggérer la rude poésie de ces espaces hostiles. 

Lawrence Casserley fait le choix de la parcimonie, des tremblements métalliques doux ou sombres, des souffles devenant parfois blizzards, des brouillages. 

Quant à Jean-Michel Van Schouwburg, il surprend par la flexibilité de sa voix, par sa plasticité, pour dire bien des choses étranges ou familières, avec ce mélange de chants, de vibrations, d’halètements, de grincements, de plaintes, de frénésie sauvage parfois, de murmures aussi, de soliloques qui frôlent la solitude de la folie.

Cet album nous invite ainsi à une exploration cartographique imaginaire, à la mise en résonance des sensibilités des trois musiciens, chacun semblant suivre sa voie. Un projet musical d’une grande délicatesse des sentiments, des couleurs et des images. Cette errance onirique captive.

On peut s'adresser à son disquaire favori pour acheter le CD paru chez Setola di Maiale où aller sur Bandcamp. L'album en version numérique est disponible pour 7,5€ (c'est une vraie casse des prix) ou pour 11€ pour le CD. 
https://orynx.bandcamp.com/album/isla-decepci-n

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Quelques mots de Jean-Michel Van Schouwburg : 

"L'équilibre de Sverdrup, ou relation de Sverdrup, est une relation théorique entre la contrainte du vent exercée à la surface de l'océan et le transport méridien intégré verticalement de l'eau de l’océan

ISLA DECEPCIÓN : île volcanique concentrique : son centre où les navires peuvent accoster via le détroit Neptune Bellows , est quasi à l’abri du courant Circumpolaire Antarctique le plus puissant du monde sujet à de très violentes tempêtes …. 

C’est ma trouvaille pour exprimer l’idée que notre trio est fait de flux de courants (streams) qui évoluent parallèlement, et se croisent ou se mélangent dans certains points … plutôt qu’un call and response pointilliste de type Bailey Parker ou Lovens Christmann ou John Russell Durrant Russell"

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Autre album paru chez Setola di Maiale et chroniqué sur ce blog, SaxaPetra, de Guy- Frank Pellerin et Mathieu Bec : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2018/10/08/36754637.html

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