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Jazz à Paris
6 février 2020

Jazz at home avec Daunik Lazro, Jean-Marc Foussat et Michael Nick 24 janvier 2020

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Pour retrouver quelques photos, suivre ce lien

Que peuvent se raconter deux septuagénaires fous d’aventures musicales et soucieux de ne pas voir leur belle collection jetée à la benne en cas de départ précipité, alors qu’il y a tant d’oreilles nécessiteuses ? Il faut donner. Tiens, Bertrand Gastaut organise l’un de ses rendez-vous aux saveurs affûtées. Il ne va pas refuser d’en prendre, tout de même. Il est jeune, lui. C’est dit ! D’autant que l’un des deux papys y joue. C’était prévu avec Jean-Marc Foussat et Makoto Sato, mais ce dernier a un empêchement. C’est donc (?) Michael Nick qui vient. 

C’est que Jean-Marc Foussat revient de Londres, du mythique Café Oto où il était invité, sans même le chercher. Un mail pour le lui dire. Réponse : « OK mais ça risque de ne pas faire plus de 25 minutes ». Alors invitez qui vous voulez. Re OK, ce sera Evan Parker et Daunik Lazro. Rassurez-vous, ça été enregistré. 

Et on retrouve donc les deux français pour un concert en appartement avec l’autre français de souche, Michael Nick.

Arrivé avant l’heure, derrière la porte, les fulgurances du baryton de Daunik Lazro nous accueillent. Avec l’un des fidèles, on tente. Oui, on peut entrer.

Beaucoup de monde malgré les problèmes de transport (nouvelle journée sociale). Des musiciens et certains qui les aident, des fidèles de ces scènes d’aventures mais pas seulement, des amis, de la famille, un poupon devenu une grande jeune fille de 10 ans, des bisous.

Dès l’accueil, l’autre papy pose son sax, et sort son sac aux trésors. S’amorce alors une négociation de maquignons pour savoir qui va prendre quoi. Un compromis est enfin trouvé. Quelques photos, des selfies. À présent, le concert peut commencer.

Ce soir là, Jean-Marc Foussat retrouve sa fabuleuse collection sonore pré-enregistrée, mais c’est le jeu acoustique en direct qui est privilégié : une cloche, une guimbarde, des sifflets, un harmonica, des appeaux et surtout la voix. Des sons bouche fermée, des bribes de chants aux accents familiers, des bouts de mélodies sifflées. Naturellement tout ça est d’emblée traité par ses mystérieux circuits électroniques, ses mixages en temps réel, ses pédales à effets. Il pourrait occuper tout l’espace sonore avec son attirail, mais il choisit un jeu d’équilibre, parfois ténu. 

Il faut en effet que le violon de Michael Nick trouve sa place, alors que souvent son archet ne fait que caresser les cordes. Ce dernier ne se complait pas dans les stridences rageuses. Il privilégie les couleurs, les petits coups de pinceau, les chocs légers sur les cordes, le bois. Le micro sur son instrument permet de restituer ce jeu impressionniste. 

Pour Daunik Lazro, en revanche, c’est presque le contraire. Le son de ses saxs est presque trop ample pour la pièce. Mais comment faire alors que toute sa science consiste à extraire de ses gros tuyaux métalliques des sons aux strates multiples, évolutives, instables, des saveurs terriblement gourmandes. Un plaisir des sens. D’ailleurs, il affectionne aussi les souffles, surtout lorsqu’il peut y glisser des notes intruses, inattendues, fugaces. Par deux fois (au moins), il démonte le bocal de son baryton pour un retour aux sources de la musique: les matières, le souffle, les mains en coquille pour moduler. 

Deux sets d’un peu plus de trente minutes. Je vous propose un extrait court, la fin du premier set.

Au début du second set, Daunik Lazro nous fait une surprise. Au tenor. On ne le voit pas venir, mais il instille des esquisses de blues, quelques notes plus franches aussi, puis c’est l’évidence : il nous fait le coup de Lonely Woman ! Et quand on comprend son traquenard, je l’avoue, on fond. Je le vois aussi dans le regard des autres. Mais ce n’est pas du Free, c’est de l’impro, travaillée, toute d’esquives, d’instants suggérés. Il faut avouer que c’est plutôt déchiré et que l’identification peut faire problème. Michael Nick qui l’avait tout de suite vu venir se fait encore plus suggestif, attentif, toutes antennes dehors. Jean-Marc Foussat de son côté réussit à y associer des bulles d’air, des sons étranges qui câlinent Ornette. Un pur moment de connivence avec le public.

Les extraits présentés sont un peu courts ? Certes, mais tout le concert a été enregistré. La vidéo complète est déjà disponible sur le site de Jazz at Home

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Retrouvez toutes les brèves de concert .

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