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Jazz à Paris
9 juillet 2020

Jean-Marc Foussat, Evan Parker, Daunik Lazro au Café OTO

cafe oto


Lors d’un concert Jazz@Home où il était invité, Jean-Marc Foussat évoquait la proposition faite par le café OTO de venir jouer à Londres. Réponse : « OK mais ça risque de ne pas dépasser 25 minutes et ça serait un peu court». Alors invitez qui vous voulez. Re OK, ce sera Evan et Daunik. Chacun a accepté. Concert, enregistrement, discussions serrées sur le son, album double, l’un solo, l’autre en trio, nous y sommes. 

Le premier CD, en solo, comporte une seule pièce au nom qui dit l’ambition : « Inventing Chimaeras ». Pour cela, il puise dans sa volumineuse collection sonore et procède à des collages inattendus, des montages, des osmoses. Il fait sonner des cornes de brume rendues quasi méconnaissables et fait chanter des oiseaux inconnus. Et il y mêle sa voix, en superpositions multiples s’élevant de brumes électroniques, en échos, en bribes de mots brouillés, en murmures, en articulations indistinctes, en ébauches de mélopées. Il y entrelace des séquences purement électroniques, parfois en boucles obsessionnelles. C’est une forme puissante de poésie, une invitation à la téléportation. Vous y êtes d’ailleurs déjà propulsé, votre esprit ayant depuis longtemps quitté la pièce où vous vous trouvez. 

On pourrait croire qu’avec un titre comme « Présent Manifeste », nous quitterions l’univers onirique de la première partie. Ce n’est que partiellement vrai. Ici, s’ajoute aux paradis artificiels une forme d’hypnose. Peut-être en raison des boucles en souffle continu au soprano d’Evan Parker, ou des drones métalliques du baryton de Daunik Lazro avec des strates des sons instables, mouvantes. En cause peut-être des vagues d’un lyrisme presque jazzy fouillant les graves et perturbant le soprano. Des boucles électroniques ascensionnelle, la voix, les voix de Jean-Marc Foussat, les grondements du baryton trouvant relais auprès d’un soprano entêtant. Par moment c’est Evan Parker qui propulse ses tourbillons enivrants de particules sonores faisant par mimétisme éclater en multiples granulations le discours du baryton. L’osmose avec les nappes  électroniques du synthétiseur est alors saisissante. Les voix viennent surplomber ces  agrégats complexes, parfois accompagnés d’oiseaux étranges. Quarante cinq minutes où l’attention est capturée, cadenassée, où l’esprit n’est plus maître de lui, comme dans dans une dérive narcotique. 

Ce double album est de ceux qui vous arrachent aux agaceries quotidiennes, aux banalités ambiantes pour extraire le merveilleux qui niche dans votre esprit.

Ce concert a été capté et mis en ligne ici.

Mais pour la qualité sonore, il faut préférer l'album. Disponible chez votre disquaire préféré, vous pouvez aussi vous le procurer sur le site de Fou Records
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Retrouvez toutes les chroniques —-

 

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