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Jazz à Paris
10 juin 2019

« Selon le vent » : João Camões, Gabriel Lemaire, Yves Arques + Alvaro Rosso(JACC Records JR035 CD)

Cover

Le groupe s’est donné pour nom « Pareidolia ». Selon Wiki, « c’est un phénomène psychologique, impliquant un stimulus vague et indéterminé, plus ou moins perçu comme reconnaissable » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Par%C3%A9idolie). En clair, un visage dans un nuage ou dans une concrétion au détour d’un boyau d’une caverne, une voix aimée dans un son de la nature ou au milieu du brouhaha urbain...
Ici donc, c’est une invitation au voyage où toute association d’image mentale est bienvenue.
Pour accentuer le propos, le titre de l’album, « Selon le vent », évoque cette errance imprévisible, légère, cet état instable qu’un souffle, qu’un murmure perturbe, irise, fait dériver, ce défi à la pesanteur. La musique est bien à ce diapason là.
Deux titres dans cet album court : Himmelskino et Herzkino, soit Cinéma Ciel et Cinéma Cœur selon mon traducteur en ligne préféré, peut-être lui aussi pris dans une logique floue.
C’est le seul trio (violon alto, anches, piano) qui s’occupe du « ciel ». Un début fragile, évanescent, où les cordes et les vents se plaisent à nous perdre, où le calme de l’âme nous saisi déjà, où le piano propose de douces percussions boisées. Des trames ténues, des éraillements délicats, des bourdonnements, des craquements intermittents, une chouette ou une plainte (pareidolie sûrement). Ici, pas de violence, la paix du ciel et l’esprit qui dérive, irrésistiblement.
Pour le « cœur », une contrebasse est invitée. Elle installe un duo d’archets avec le violon alto, fascinant, fait de bourdonnements incessants, de voltes vives. Puis le propos s’élargit. Des vibrations, des tremblements sourds au piano, une voix qui s’extrait avec peine du sax, des percussions qui deviennent parfois notes au clavier. Des cordes pincées, des arabesques sensuelles qui s’évaporent en bribes de chants, des claquements de bec, des accords doux plaqués puis des ruissellements de notes. Un duo piano-contrebasse qui frôlerait une forme de jazz de chambre. Un sax au feulement très doux, encore des cordes pincées, en cadence cette fois ... et c’est la fin de l’errance.
À peine trente minutes de musique mais la plénitude de l’âme est là, celle que rencontrent certains dans la méditation, ou dans l’oubli de soi devant une toile ou une sculpture, ou dans l’immersion au sein d’un acousmonium, ou devant les vagues qui moutonnent inlassablement à l’horizon, ou devant un feu aux flammes hésitantes qui dansent continûment. Une hypnose douce et apaisante.
Les musiciens ?
João Camões au violon alto, Gabriel Lemaire aux anches (qu’on avait entendu aussi dans l’Orchestre du Tricot : «Atomic Spoutnik » une autre errance folle , YvesArques au piano et Alvaro Rosso à la contrebasse.
Vous pouvez écouter cet album en ligne sur Bandcamp, l’acheter en version numérique pour 7€, ou mieux encore, aller voir votre disquaire préféré, en parler avec lui, l’écouter sur son lecteur ou le commander pour le plaisir d’une nouvelle rencontre.

« Selon le vent » est le dernier album de João Camões paru en ce début 2019. C’est un musicien que nous avons appris à connaître grâce à un séjour à Paris où il a eu l’occasion de se frotter à quelques figures de la scène improvisée dont Claude Parle, Jean-Luc Cappozzo et Jean-Marc Foussat. Il nous en laissé quelques traces dont les albums «Bien Mental», «À la face du ciel» et « Autres paysages » (non encore chroniqué). Auparavant , il avait publié « Earnear » aussi chroniqué ici.
C’est un artiste qui impressionne par la vigueur et l’originalité de son discours, ainsi que par la richesse des textures sonores qu’il sait extraire de son violon alto.
En guise de friandise, un extrait d’un concert parisien de 2015.


Jadis, au XIXe siècle, les gens de plume n’hésitaient pas à convoquer des divinités au renom pourtant bien estompé, pour, disait-on, épater le bourgeois. C’est le tour aujourd’hui de musiciens, mais c’est plutôt pour donner corps à l’indicible ou à l’étrangeté totale. Souvenez-vous : Psithurisme, Stomiidae ... J’en oublie ? Sûrement. Cela donne l’occasion au chroniqueur paresseux (dont je suis) de trouver les premières lignes d’un texte qu’il peine à extraire de sa psyché défaillante.

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