Matthias Boss et ses amis : playlist #4
Guy-Frank Pellerin - Matthias Boss
Fondazione Luigi Tronci, 2015
Fin du parcours en playlists du talent de Matthias Boss. Il y aura probablement d’autres occasions de revenir vers le talent inhabituel de ce violoniste : il nous donne à nous régaler de multiples facettes du violon avec une projection des notes impressionnante.
Pour cette quatrième playlist, la seconde consacrée à ses collaborations avec d’autres improvisateurs, six pièces sont proposées.
La première est un duo a priori totalement déséquilibré entre un orgue d’église et un violon.
Lors des premières notes, l’avalanche des harmonies et des résonances semblent conduire à l’étouffement de Matthias Boss. Mais sa voix ténue relativement au monstre tenu en laisse par Martin Walter parvient à s’affirmer et conduit à un dialogue bien mieux équilibré, avec des gazouillements qu’il parvient à rendre audibles, avec des grands tonnerres rivalisant avec ceux de l’orgue. C’est une réelle gourmandise.
Avec Maresuke Okamoto on découvre un autre félin doté d’un contracello, cet enfant adultérin d’un violoncelle et d’une contrebasse. Ici, c’est le lyrisme qui prévaut ... avant les coups d’archet nerveux, les cordes écrasées, des quasi percussions métronomiques au violon puis au contracello pour permettre les virevoltes de l’autre instrument. Un parcours intense, véhément et aux textures sonores particulièrement riches et surprenantes où viennent se mêler le chant, les crépitements vocaux, des discours de contrées étrangères.
Les troisième et sixième pièces sont issues d’un même album qu’on doit au groupe 876+ (M. Magliocchi, JM Van Schouwburg, R. del Piano, M. Boss et P. Falascone). Cet enregistrement est doté d’une vitalité prodigieuse. Chacun des membres de ce groupe est un orfèvre et l’ensemble est particulièrement réjouissant. « Otto Sette Sei » a été publié en 2015 chez Improvising Beings. Pas facile à trouver, sauf peut-être au Souffle Continu.
Quand deux violons particulièrement agiles se rencontrent, Carlos Zingaro et Matthias Boss, ils prennent prétexte du tram de Lisbonne pour faire surgir des nuées de virevoltes. Il s’agit en fait de trois improvisations jouées en public (00:00, 04:10, 09:40). Si les deux premières proposent un jeu subtil sur les couleurs, les atmosphères ténues, sur les bourdonnements enchevêtrés des archets, la troisième accentue l’atmosphère romantique; par moment elle propose une scansion régulière alors qu’à d’autres c’est une double hélice qui se développe et nous enivre.
Avec la cinquième pièce, on retrouve un « frère en crimes » de Matthias Boss, Guy-Frank Pellerin. L’un comme l’autre aiment à propulser les sons, à jouer sur leur rugosité, leur dynamique, à travailler au corps leur instrument pour en extraire des textures surprenantes, pour des plaisirs charnels, dans des dialogues tourbillonnants, avec des percussions sorties d’on ne sait où. Le saxophoniste choisit ici le baryton, instrument ici comme agacé par un essaim d’abeilles.
Et pour finir, comme évoqué plus haut, l’impressionnant 876+ tout de mitrailles, d’attaques agressives. Une merveille.
Place à la musique
Lien direct : https://soundcloud.com/bosspfaeffli/sets/matthias-boss-et-ses-amis
Lien vers les autres playlists de Matthias Boss
Matthias Boss violon playlist - solos
Matthias Boss dialogue avec lui-même : playlist #2
Matthias Boss et ses amis - playlist #3
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