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Jazz à Paris
22 juin 2021

Matthias Boss, Guy-Frank Pellerin «  Du vent dans les cordes » (Setola di maiale SM3710)

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Dès les premières pages d’un livre, l’attention doit être accrochée, le charme doit opérer, sinon oubliez-le. La question ne se pose pas avec cet album. 

On est assailli par des éclats, des chocs, des slaps au sax, des percussions sur le bois, sur les cordes du violon. Ainsi commence cet album, avec « Zhaï ». Des coups d’archet nerveux, comme autant de directs, des ponctuations brutales qui font vibrer le cœur du métal comme autant de réponses. Des suraigus qui cinglent, qui lacèrent. Des graves qui percutent, qui interpellent. 

Du « noble art » ? Non, mais un espace de création sans concession. Pas de joliesse mais une expressivité à fleur de peau et des sons comme expulsés. 

La violence d’un Free primal ? Non plus, pas de rage ici mais le plaisir éperdu des sons, de leurs strates, de leur complémentarité dans un dialogue très vif. Ce dernier devient serré, un tourbillon irrésistible. Les phrases commencées sur un instrument sont complétées sur l’autre, dans des alternances, des entrelacs, des unissons de ce méta-instrument inouï mêlant vent et cordes, le titre même de l’album. 

En allemand, selon Google, cela donnerait « Der Saitenwind », soit le titre de la sixième pièce. Des souffles qui murmurent, qui dérapent, qui s’éraillent, qui sifflent d’un coté, des micros percussions, des crépitements, des frottements sur les cordes. Une sorte d’infra musique instable qui s’épanouit par moments, qui vient nous cueillir par surprise. Puis des geysers partis des tréfonds du métal surgissent jusqu’aux suraigus. Des cordes écrasées, des crissements qui dérapent, des grésillements, des craquements qui provoquent une sorte de chaos d’images sonores. La proximité du vent et des cordes fait douter de l’origine des sons, l’osmose s’intensifie, craquelle, se déchire, se reconstitue.

Ces deux musiciens ne sont pas de ces invités de marque de quelque grands festivals que ce soit. On se demande bien pourquoi à l’écoute de leurs productions.

Matthias Boss a déjà attiré l’attention, à plusieurs reprises, par une sorte de réinvention de son instrument, le violon [1]. Certes, il utilise aussi d’autres instruments, en duos, en trios voire plus … avec lui-même, par la grâce de ré enregistrements. Ici, ce n’est pas le cas. On y retrouve une attaque stupéfiante, une projection sonore qui laisse pantois, un éventail de timbres particulièrement étendu … « something else ? »  aurait dit Mingus. Oui, bien sûr, on l’a vu.

La musique de Guy-Frank Pellerin a, elle aussi, fait l’objet de quelques chroniques [2]. Ce saxophoniste joue à faire sonner ses tuyaux de manière inattendue, passer de l’évocation de lointaines cornes de brume aux percussions voire à des grands chambardements métalliques. Il bouscule, provoque, sculpte au couteau, peint à grands coups, dans une sorte d’expressionnisme débridé.

Je propose l’écoute de la dernière pièce, « Tuna Fish ». Un choc !

 

 


Voir ce qu’en dit la critique sur le site du label

C’est un album de tout premier plan que nous propose ce duo, l’un de ceux qu’il vous faut acquérir, écouter, que vous conseillerez à vos meilleurs amis épris de musique. Une pure gourmandise.

Cet album est malheureusement épuisé. Vous pouvez fouiller, chercher sur Discogs. Peut-être que le mieux serait d'opter pour un circuit court : contacter les musiciens, ici : pellerin.gf@gmail.com


[1] Matthias Boss :

Violon solo playlist : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2020/02/03/37985676.html

Dialogue avec lui-même : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2020/03/23/38116513.html

Matthias Boss et ses amis : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2020/06/02/38331410.html  & http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2020/06/24/38387138.html 

Une pierre, une plume, une écharpe : https://www.citizenjazz.com/Une-pierre-une-plume-une-echarpe.html

[2] Guy-Frank Pellerin :

Avec Mathieu Bec "Saxapetra" http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2018/10/08/36754637.html

Avec Théo Jarrier "L'improbable loufoque" : 

https://www.citizenjazz.com/Guy-Frank-Pellerin-Theo-Jarrier-et-l-improbable-louphoque.html

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Retrouvez toutes les chroniques CD etc

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Commentaires
D
Satola di Maiale est le nom du label. Tuna Fish est le dernier titre de cet album, Du vent dans les cordes. Comme on l’imagine, chaque piste raconte une histoire différente, mais tout l’album est aussi saisissant.
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C
Comment vas tu Guy ? ... Est ce k Satola di Maiale est du même tonneau que Tuna Fish ? ( k g écouté sr Soundcloud)
Répondre
C
Un très bel échange Sax/Violon avec un climat habilement tissé entre trames de silences & chaînes qui parfois se resserrent & où trame & chaîne ne sont plus que violon & sax ... Trés belle composition qui m'avait échappée à l'époque & ki n'est pas sans me rappeler "Bien Mental" ...
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